La petite bombe incendiaire de Glasgow débarque à 30 ans comme si elle en avait dix de moins, forte d’un beau parcours underground à travers les bars, clubs, concerts (avec The Orb) et sound system (avec Asian Dub, Mungo’s Hifi ou Jahtari) où elle a mûri cet alliage brûlant de rap, de raggamuffin, de hip-hop et d’esprit punk qui explose sur son premier album solo. Portée par un premier single missile, Broken Robot, sorte de croisement indécent entre un jeune Michael Jackson électro-funk et une Selah Sue cocaïnée, elle débite à la mitrailleuse des textes profondément engagés et féministes qui amènent un vrai supplément de sens à cette pop-soul urbaine contemporaine faisant du crossover un principe de fonctionnement. Dans la boîte à malice aux multiples tiroirs de la métisse Sikhe et Indienne, on croise l’esprit de la Motown avec une production au quart de poil qui devrait lui ouvrir grandes les portes de la FM, des grooves reggae et un flow impressionnant à la diction millimétrée, des refrains pop-soul entêtants et une voix de velours… Entre Tupac Shakur, Lily Allen et Stevie Wonder, virtuose du raccourci musical et de la tchatche militante, explosant dans sa centrifugeuse dubstep au groove stratosphérique, les références d’un melting-pot communautaire working-class Soom T débarque avec son backing band 100% féminin et un album profondément rafraichissant et vitaminé à la joie de vivre.