Dans la nébuleuse des groupes reggae anglais, les Black Roots ont toujours eu un statut à part. Formé à Bristol en 1979 par huit « youths » issus de la diaspora jamaïcaine, leur son roots et l’assurance des quatre chanteurs prenant tour à tour le lead et les chœurs, leur ont aussitôt conféré une puissance et une « yard credibility » venue en droite ligne de la mer des Caraïbes. Dans l’Angleterre d’alors, Babylone a le visage de Thatcher et les Black Roots tirent à boulets rouges avec des textes aussi politiquement intransigeants que leurs harmonies sont célestes. Séparés en 1993, après huit albums magistraux et l’aide active du grand John Peel, c’est le label français Makasound qui les rassemblera à nouveau après avoir ressorti tout leur catalogue. En 2012, l’album On the Ground ne compte que de nouvelles compositions et révèle un feeling intact. Aujourd’hui, Take It, quatrième album depuis la reformation, poursuit le travail du phénix dans le roots classique et conscient, avec des harmonies vocales imparables, une basse profonde et une impressionnante section de cuivres. Au cœur de la jungle du capitalisme, les Black Roots, rassemblés derrière le lead de Charlie « Delroy » O’Gilvie, continuent à faire résonner la voix de Rastafari et à dénoncer l’injustice et le pouvoir de l’argent pour faire trembler les murs de Babylone.