Dès Le poisson rouge, à l’entrée du siècle, premier album dopé par le tube J’pète les plombs et la B.O. de Taxi 2, Sérigne M’Baye Gueye brillait par son décalage, son humour, l’engagement personnel de ses textes et son refus des catalogues faciles comme des codes bling-bling alors à l’œuvre dans le monde du rap français. Disiz La Peste n’a jamais foncièrement changé, honnête et droit, maître de l’art du renouvellement en suivant ses instincts, qui lui firent quitter le rap pour le rock, puis revenir au hip-hop, en passant par l’écriture de fiction (deux romans), le théâtre, le cinéma ou la découverte de l’Afrique de ses origines. Après vingt ans d’une carrière activiste et généreuse, il s’inventait l’an passé un nouvel avatar, Disiz Zilla, en couchant en deux semaines un douzième album introspectif, intense et cathartique, revenant sur les traumas de son enfance. Nimbé dans des références au Japon fonctionnant comme autant de métaphores pour casser ses verrous intérieurs, l’album cogne juste, sur des beats lourds, de la house, de la drum’n bass. Passant du sombre au clair obscur, bâtissant de véritables cathédrales sonores pour ce rap totalement décomplexé, il poursuit son parcours d’artiste en affinant encore son exigence de savant fou des studios. Passé par La Sirène en résidence en décembre avant d’enflammer le public des Transmusicales de Rennes, Disiz va nous offrir le grand concert d’un grand nom du rap français.
C’est à 4Réal (Kader Diaby) que Disiz a con é sa première partie. L’écoute du titre Mon esprit et mon âme confirme le talent du jeune rappeur, flow mitraillette, punchlines qui font mouche et production qui fend l’ère du temps. Attention : talent !