Après trois EP (Le Futur, Fantôme avec chauffeur, Vous êtes pas contents) et de nombreuses collaborations (Pedro Winter, Rocca, Selah Sue, Youssoupha, Lous & The Yakuza…), c’est peu dire que le premier album du rappeur originaire de Libreville, au Gabon, était attendu. Ici, ça rappe à l’ancienne, droit, tranchant et fier, sans auto-tune, avec un flow qui swingue et des rimes riches qui dévalent la pente à cent à l’heure pour mettre la pâtée aux poseurs. L’album La grande désillusion ancre durablement cette voix fluide et ses vers limpides qui évoquent Oxmo Puccino ou Booba. Sa meilleure punchline restera certainement cette autoproclamation de «meilleur rappeur de France», dans la grande tradition du tout à l’égo du hip-hop. Mais n’a-t-il pas reçu, il y a un an, à Atlanta, aux États-Unis, le prix du Best International Flow ? Benjamin Epps remplit les salles, enchaîne les concerts et prend ses aises dans le rap game. Kesstate Epembia (son vrai nom) continue à réfléchir, à synthétiser dans sa grande culture rap, la rumba congolaise, le ndombolo, un peu de jazz et de tradition de la chanson française. À ce titre, le single Bienvenue à B’Hell Vue (le nom de son quartier d’enfance à Libreville) et la description de cet «environnement hostile» sont renversants. Le MC virtuose abat donc ses cartes en douze titres puissants et remplis de confidence, avec encore plein d’atouts dans sa manche.