À un peu plus de trente ans, le pianiste autodidacte, compositeur, producteur et rappeur londonien semble avoir déjà eu plusieurs vies. Explorateur insatiable des frontières pouvant unir jazz, hip-hop, rap, pop, soul et groove, Alfa «Mist» Sekitoleko a forgé sa musique à l’image du quartier ultra cosmopolite et multiculturel de Newham, à l’est de Londres, où il est né. Une influence bien plus centrale que son diplôme de composition à la très anglaise Business and Technology Education Council (BTEC)… D’une grande finesse, son écriture instinctive vagabonde dans les musiques urbaines, dans le jazz traditionnel et les formats ethniques des musiques du monde, taquinant les mélodies, les harmonies, les ambiances et les atmosphères, pour ouvrir toujours plus grand les fenêtres et les portes de son inspiration. Son dernier album, Variables, paru chez Anti cette année, passe ainsi en toute quiétude d’un hommage à Duke Ellington à une collaboration avec la chanteuse Kaya Thomas-Dyke, d’un pur free-jazz à une chanson du chanteur folk sud-africain Bongeziwe Mabandla… Dans ce monde tout en richesse, en ouverture et en subtilité, il n’y a décidément aucune place pour les ornières et les limites. En cinq disques depuis Nocturne (2015), Alpha Mist a balisé une route tout en serpentin et en traverse en s’imposant tranquillement comme l’une des têtes de pont de cette pourtant très riche scène jazz londonienne contemporaine.