Avec sa tête de Gainsbourg jeune et cette voix grave, éraillée et pleine, il fut un temps pas si lointain où cet artiste représentait la quintessence de la réinvention d’un St-Germain-des-Prés fantasmatique. C’était bien mal connaître les ressources et la curiosité du bonhomme : impossible de le mettre dans une petite boîte ou de l’enfermer dans les ors d’une supposée dynastie Higelin (son père, comme tout le monde le sait) dont il ne garda qu’une seule lettre. Voyageant en solo dès son Bachibouzouk Band (1990), Arthur H aura tout fait depuis, les deux pieds dans la vie et la créativité : chanson, peinture, illustration, théâtre (dernièrement avec Wajdi Mouawad), cinéma (avec Mathias Malzieu), poésie, littérature, projets en tout genre… En 2021, il sortait Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge, mini-album concept et expérimental au titre à rallonge. Entre humour et profondeur, sa voix caverneuse y faisait une nouvelle fois merveille. Il nous revient cette année avec un nouvel album, La vie, son douzième en solo, et une tournée à la clef. Forcément mélancolique et chaleureux, drôle et lettré, forcément étrange et trouble-fête, Arthur réveillera ce beau souvenir de Sirène où il était venu pour son album Soleil dedans (2014).