Plus de cinquante ans après son premier enregistrement pour un obscur label de Detroit, puis sa signature dans la mythique écurie Atlantic de Jerry Wexler et Ahmet Ertegun, c’est une voix légendaire de la Deep Soul qui va entrer en scène… Pour celle qui chanta aux côtés d’Otis Redding, James Brown ou Ben E. King, la route fut longue et laborieuse, comme elle le raconte dans sa récente autobiographie, A Woman Like Me (2012). Bettye Lavette attendra ses 58 ans, sa rencontre avec l’irremplaçable producteur Joe Henry et une signature sur le label Anti, pour que I’ve Got My Own Hell to Raise (2005) décroche enfin la timbale. Sur ces dix chansons écrites par d’autres femmes (Sinéad O’Connor, Aimee Mann, Lucinda Williams), sa voix rauque et profonde transcende les genres, embarquant tout ce petit monde sur l’étoile éternelle de l’authentique Rythm’n’Blues. Exilée ensuite pour deux albums au mythique studio Fame en compagnie des rockers de Drive-By Truckers, elle y gagnera définitivement ses galons de “The Great Lady of Soul”. Worthy la ramène aujourd’hui dans le giron de son producteur fétiche. Sur ses covers à fendre l’âme de Dylan, des Stones, des Beatles, Joe Henry habille du plus simple appareil ses interprétations crépusculaires, fragiles et blafardes. Un registre unique que cette fière et grande Dame maîtrise à la perfection.