Il y a vingt ans, les new-yorkais de BLONDE REDHEAD signaient leurs deux premiers albums sur le label de Steve Shelley, le batteur de Sonic Youth. Après quelques changements de line up, le trio formé par Kazu Makino (chant, guitare, piano) et les frères Pace (Simone à la batterie et Amedeo à la guitare) a tranquillement bifurqué de la noise dure vers des terres plus éthérées et automnales, au fil d’une moisson régulière de disques joliment biscornus et aventureux. Dans cette quête passionnante, le groupe a refusé l’identique, poussant le curseur toujours plus loin vers des nappes synthétiques et des instrumentaux graciles, éclatant le bruitisme et la sauvagerie initiale dans ces étranges harmonies pop qui avaient toujours été présentes dans leur musique.
Avec Barragán, neuvième album enregistré entre New-York et le Michigan par Drew Brown, le trio atteint aujourd’hui les sommets esthétiques de cette pop-rock bizarre, ouatée, vaporeuse et hypnotique. BLONDE REDHEAD poursuit ses rêveries intimistes et fracturées, plaçant les pièces d’un puzzle que l’on reconstruit au fil des écoutes. À l’intérieur, pourtant, survit toujours quelque chose de ce danger initial, comme si leur musique pouvait basculer à tout moment et retomber sur le sol dans un grand fracas sonore de fin du monde.
Olivier Mellano signe avec son MellaNoisEscape un grand disque de pop bruitiste et de noise blanche. Celui qu’on a croisé en tant que première gâchette chez Dominique A, Miossec, Tiersen, à la tête de projets aussi distincts et racés que Bed, Psyckick Lyrikah, grand manitou dirigeant sa grande œuvre (son opéra) et l’Orchestre Symphonique de Bretagne comme 12 guitaristes, nous revient cette fois seul en scène. Créé à La Sirène en octobre dernier, ce spectacle déroute : la très grande maîtrise technique du bonhomme n’est jamais démonstrative mais tout simplement touchante, humaine et sensible. Du grand art.