mercredi 13 février 2019 – H

DELGRÈS + BLACKBIRD HILL

TA : 12 • TR : 13 • PT : 15 • SP : 18 • TU : abonné plein reduit sur-place

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On avait croisé Pascal Danaë (chant, guitare) et Baptiste Brondy (batterie) dans Rivière Noire, métissage méditatif brésilo-mandingue, qui n’annonçait pas forcément la belle claque de ce nouveau projet en trio – avec le sousaphone et les tubas cradingues de Rafgee. Le nom du groupe, hommage à Louis Delgrès, héros de la lutte anti-esclavagiste aux Antilles et celui du premier album (Mo Jodi signifiant « mourir aujourd’hui ») donnent d’emblée le ton de ce blues transatlantique ravageur, entièrement chanté en créole, articulé autour des origines guadeloupéennes, de la voix chaude et rageuse et du subtil jeu de guitare slide de Danaë. Un son à la fois roots et ouvragé, un swing à la fois lascif et rugueux, un pied dans le Gwo Ka caribéen et l’autre dans un fantasme des second-line de la Nouvelle-Orléans, une main chez Skip James et Mississippi John Hurt, l’autre dans la furie des Black Keys et White Stripes… La langue créole glisse ici avec la même souplesse que l’anglais, raconteuse d’histoires, ancrée dans la spiritualité et la véracité profonde de ce disque placé sous l’ombre tutélaire mémorielle de Louise Danaë, trisaïeule dont Pascal a retrouvé la lettre d’affranchissement datant de 1841. Et si les quelques down-tempo ne sont pas toujours à la hauteur de l’incandescence spontanée du hard blues créole inventé sur le reste de l’album, Mo Jodi s’affirme au fil des écoutes comme un pur instant de vérité, une sorte d’exaltante météorite magique et combattante, brassant les époques et les géographies.

Le duo Blackbird Hill arrive de Bordeaux et fait partie de la famille des groupes accompagnés par le Krakatoa et sa pépinière dénicheuse de talents. C’est ce rock collé au cuir du perfecto, ce blues suintant la colère, qu’ils interprètent. Retour aux origines, aux racines, à la source inépuisable avec Blackbird Hill.