FEU ! CHATTERTON
Troisième passage en nos murs pour les Parisiens de Feu! Chatterton sur la tournée de leur troisième album, Palais d’argile. Concert suivi d’un DJ set de leur producteur, érudit grand sorcier des sons physiques et ombrageux, et parrain de La Sirène, Arnaud Rebotini. Un sixième homme qui a su bâtir, avec l’ingénieur du son Boris Wilsdorf (Einstürzende Neubauten), la cathédrale sonore flamboyante et organique, idéale pour ce « space opera » contemporain pop et synthétique. Hanté par l’effondrement, mais sauvé par le lyrisme, l’humour et l’ivresse poétique… Il est facile de dire que ce disque est celui de la maturité pour Arthur Teboul (chant), Sébastien Wolf (guitare, clavier), Clément Doumic (guitare, clavier), Antoine Wilson (basse) et Raphaël de Pressigny (batterie). Mais l’évidence est pourtant là. Poussé dans ses retranchements ou porté aux étoiles, le quintet livre une véritable fresque psychédélique, technoïde et théâtrale, qui propulse le chant vibrant et les mots dans des limbes francophones inédites. Littéraires et voluptueux, ils adaptent Compagnons des mauvais jours de Jacques Prévert ou Avant qu’il n’y ait le monde, un poème de Yeats traduit par Yves Bonnefoy. Toujours dandys et fougueux, il se murmure en plus, ici et là, que les cinq de Feu! Chatterton ont encore gagné des points en scène.
DESMOND MYERS
Du groove, de la sensualité et de la sincérité. C’est ici que la pop de Desmond Myers trouve son terreau tant sémantique que sonore.
Faisons les présentations. Desmond est né dans une ferme de Caroline du Nord, dernier né d’une fratrie de quatre garçons. Tous s’impliquent dans l’élevage familial de taureaux, sauf lui, qui préfère de loin se déguiser. Parce que la country est reine dans le Deep South, elle berce l’enfance de Desmond qui, à 11 ans, empoigne une guitare et écrit ses premières compositions. Une décennie plus tard, il est attiré par Paris. Desmond le dandy ne peut être insensible à la capitale des poètes où nombre d’Anglo-saxons ont puisé leur inspiration, d’Oscar Wilde à Gertrude Stein, d’Hemingway à Jim Morrison. Il y rencontre Victor Solf et les membres du groupe HER, les aide à l’écriture, les accompagne sur scène.
Après une poignée d’EP en solo empreints de hip hop, Desmond sait que le temps est venu de se concentrer sur un premier album, lequel est majoritairement enregistré en banlieue parisienne. Covid oblige, il rentre à Atlanta pour terminer les huit chansons qui composent le disque. De cette transatlantique surgit une pop hybride, riche d’influences soul, R’n’B et psychédéliques. À la guitare et aux claviers, pantalon taille haute et talons assumés, Desmond assure le show, en studio comme sur scène. Ce qui fait de Shadowdancer un album prêt à être joué avec toute la flamboyance qu’il mérite.
