Depuis Kinshasa, trois années après la parution du furieux et exubérant Hotel Univers, le « général rebelle » Jupiter Bokondji continue à électriser la centrifugeuse rock de son Okwess International, brassant tous les rythmes oubliés de la tradition kinoise. Refusant le diktat du ndombolo et de la rumba reine, le chanteur longiligne à la silhouette digne d’une sculpture de Giacometti, continue à creuser le sillon de sa « bofenia music » et revient avec Troposphère 13, référence ironique au crash de la fusée de l’ambitieux programme aérospatial congolais. L’incendiaire EP six titres, qui accueille l’inévitable Damon Albarn au clavier et Warren Ellis (Nick Cave & the Bad Seeds) au violon, continue à fouiller cet afro-beat local, rugueux et roots, tendu et frénétique. Rangé en ordre de bataille derrière leur charismatique leader (fils de diplomate, Jupiter a passé son enfance en Allemagne de l’Ouest avant de découvrir Kinshasa et d’apprendre le lingala), le groupe joue serré et pointu, comme des Wailers kibunda au meilleur de leur forme. Ce mélange de Fela Kuti et de fabuliste moral est tellurique en scène. Simplement au combat.
 
Fille de la célèbre chanteuse de blues canadienne Salomey Bey, Saidah Baba Talibah Sate évoque tour à tour Betty Davis et Tina Turner, panthère rugissante qui convoque pour ce nouveau projet punk-rock les lourdes guitares de Black Sabbath et le groove de Funkadelic. Avec son groupe puissant et massif, la féline de Toronto à la crinière décolorée nous promet un set intense et électrique.