Après sept éditions à La Sirène du frenchy festival itinérant, la médication sauvage et cathartique a amplement fait ses preuves. Quoi de mieux en effet qu’une nouvelle édition des Nuits de l’Alligator pour faire bouillir les frimas hivernaux dans un torride chaudron de gumbo groove, de rhythm and blues marécageux, de southern soul et de rock’n’roll poisseux ?
Natif du Burundi, exilé à Londres pour fuir une guerre ethnique, un génocide et trois tentatives d’assassinat, JP Bimeni est un survivant cabossé qui a trouvé sa rédemption dans la soul. Repéré par les Madrilènes de Tucxone Records (Eduardo Martinez et Marc Ibarz se chargent des arrangements et des compositions) et acoquiné aux très précis Black Belts, il ressuscite sur son impeccable premier album, Free Me, les mânes du grand Otis, de Sam Cooke et de l’âge d’or de la Southern Soul, avec le même genre d’intensité que Charles Bradley ou Lee Fields. Rien que ça.
Ovni de 28 ans débarqué de La Réunion et découverte par le producteur Philippe Conrath (Danyèl Waro, Zanmari Baré), Ann O’aro est une artiste totale, dotée d’une force de vie viscérale. Survivante d’une enfance profanée et de drames familiaux qu’elle transfigure par la danse, la parole poétique et la musique, elle transcende, à grands coups de créole et de maloya, un impressionnant blues tropical acoustique, rêche et cru.
Étonnant, hypnotique et sensuel trio auvergnat, Muddy Gurdy réinvente avec guitare, percussions et vielle à roue (hurdy gurdy en anglais), la moiteur de ce blues rural du Nord Mississippi jadis porté par RL Burnside.