De Tom Waits à John Zorn (avec Bar Kokhba et Electric Masada) en commençant par les Lounge Lizards de John Lurie à Mike Patton, en passant par McCoy Tyner et Elvis Costello le cheminement musical du guitariste New-Yorkais est aussi tortueux qu’éclectique. Son art du détournement, de la synthèse et de la réappropriation du jazz, du punk, du rock, du blues et des musiques improvisées est définitivement magistral. Zigzagant entre les genres et les styles, institution du ternaire qui cogite comme du rock qui doute, Marc Ribot a tout simplement inventé la guitare déviante des années 1980, à la fois coupante et tendre, syncrétique et complètement barjot, passant de la tronçonneuse à tympan à la caresse du nylon, sans perdre le fil forcément rouge et dénudé de son inspiration perverse. En gros, sur l’échelle de Jacob horizontale de la guitare moderne, il serait à une extrémité quand Joe Satriani et Steve Vai seraient à l’autre. Question de style et de tempérament, pour ce perturbateur sans doctrine, aussi solide connaisseur des genres que fin technicien. Accoquiné avec le bassiste Shahzad Ismaily (Ben Frost) et le batteur Ches Smith (Secret Chiefs 3), son trio d’allumés inclassables met littéralement le feu aux poudres, en allant jouer les fauteurs de troubles sur le terrain des musiques très extrêmes. En scène, Ceramic Dog est surpuissant, complètement zinzin et décalé. Bref, immanquable.