C’est bien connu, la valeur n’attend pas le nombre des années.
À 24 ans, le petit protégé de Lana Del Rey et Rufus Wainwright invente de nouveaux ponts entre soul, pop et country, en réveillant bien des fantômes sur son piano solaire et sa voix androgyne. Max Jury, les oreilles bien affutées entre les héros d’hier (Gram Parsons, Townes Van Zandt, Neil Young) et les sons d’aujourd’hui, fait le grand écart entre le temple gospel, la supérette du coin et le comptoir du bistrot où il assèche ses confessions intimistes et ses introspections lumineuses… Depuis son Midwest natal (Des Moines, Iowa) et son Londres adoptif, pas plus passéiste que romantique vintage, il se coule avec une déconcertante aisance dans le moule des grands songwriters, sinuant de sa voix caressante, un peu à la manière d’un Michael Kiwanuka, au coeur d’arrangements malins et luxuriants. Les onze titres de son premier album éponyme (chez Marathon / Pias) suffiraient presque à affirmer qu’une nouvelle génération est en train de prendre le pouvoir.
Même étonnante maturité pour le franco-canadien de Gentilly portant fièrement, du haut de ses 21 ans, l’héritage d’une soul-rock sensuelle et dépeçant ses modèles avec une tranquille insolence. La grâce juvénile rappelle Eli « Paperboy » Reed, l’attaque rageuse Alabama Shakes… Cet impeccable jeune Brando rockab vous toise avec aplomb en vous faisant croire, les yeux dans les yeux, qu’ici, c’est le South-East et le Mississippi. Privé de concert par la défection du grand Charles Bradley, Theo Lawrence, accompagné de ses brillants musiciens de The Hearts viennent enfin défendre dans nos murs leur nouvel LP, Sticky Icky.