Il y a quatre ans, le crooner californien aux faux airs de Buddy Holly nous avait donné une sacrée leçon de classe rock’n roll et d’authenticité soul, doo-wop et rhythm’n’blues. Continuant à ressusciter les sons de cette Amérique disparue des 50s et des 60s, Nick Waterhouse livre avec son sixième album, The Fooler, un poignant hommage en forme d’adieu à sa ville de San Francisco (on raconte qu’il s’est installé depuis en France…). Plus que jamais, la musique populaire des juke-box, des virées en Cadillac et des disquaires spécialisés, irrigue les chansons fantomatiques et collectors de ce merveilleux disque « à l’ancienne », produit vers une certaine épure par Mark Neill. Des balades intemporelles et hantées, des inventions vintage qui sonnent comme des standards de rhythm’n’blues, de futures classiques incontournables à l’or- chestration millésimée, des voix, des guitares et des arrangements de cuivre qui filent la chair de poule… Nick Waterhouse est un véritable sorcier de la mémoire, à la fois pour son écriture sans âge et son contrôle absolu des sonorités du classicisme roots. Bien trop malin pour se laisser enfermer dans un stérile « revival », cet artiste authentique habite simplement cette musique, terreau de création dont il maîtrise à merveille les formes et la grammaire, avec une urgence, une précision et une conviction qui rendent poignant chacun de ses concerts.