Quelques loops minimales et nappes synthétiques blafardes, un beat fantomatique et un flow sous codéine, suffisent à insuffler les miasmes désabusés d’Odezenne. Depuis dix ans, dans l’arrière cours décadente de Diabologum, Programme ou Psykick Lyrikah, et la froideur vénéneuse de leurs textes abruptes et lettrés, Alix Caillet, Jaco Cormary et Mattia Lucchini inventent un second degré évolutif au mal-être. Dans cette soupe à la grimace d’abstract hip-hop et d’électro- cheap, les mots sournois et lubriques, scandés sans violence, claquent comme des coups de pied aux culs. Totalement indépendants, rompus à la guérilla des réseaux sociaux et des clips en armes de combat, les bordelais se sont taillés une place à part, s’offrant un Olympia complet en mars avant de squatter en franctireurs les scènes des principaux festivals cet été, sur la lancée de leur superbe quatrième album, Dolziger Str. 2.
En survêtement et chaîne en or, comme une meute d’étranges et maladifs hiphop-popeux échappés de rushs de David Lynch, les parisiens de Bagarre enchaînent les images fixes en noir et blanc, en cinglant un français cru et inquiétant, sur une boîte à rythmes exsangue et des synthétiseurs morbides. Soit 4 garçons et 1 fille attaquant à coups d’hymnes squelettiques, les restes pantelants d’une électro- pop-disco et le paradis perdu de la new-wave et de la chanson.