Il est aisé d’imaginer un Paul Janeway teenager entamant ses génuflexions devant la photo d’Otis Redding avant de s’user les cordes vocales pour transformer ses longs hurlements en un cri digne du « Big O ». Cachant son visage blanc et poupin derrière de grosses lunettes, lorsqu’on entend aujourd’hui sa voix de pur soulman emporter littéralement ST. PAUL & THE BROKEN BONES vers les sommets des Soul Revue à l’ancienne, on se dit que l’histoire musicale américaine est décidément pleine de surprises et de retournements.

Depuis son Birmingham, Alabama (ville natale d’Angela Davies où le Ku Klux Klan fit sauter, en 1963, une église baptiste en tuant quatre fillettes noires), le septet débarque avec un juvénile fracas sur les terres de la Southern Soul, en voisin de palier d’Eli Paperboy Reed. Enregistré pour moitié au mythique studio Fame du Muscle Shoals et produit par Ben Tanner des Alabama Shakes, leur premier album trouve rapidement sa place aux côtés des productions de Daptone Records. Auteur cet été d’une performance inoubliable au festival Rock en Scène, ST. PAUL & THE BROKEN BONES est la redoutable locomotive scénique de Paul Janeway, sosie blanc et enfantin de Barrence Whitfield.

St. Paul priera pour le salut de notre âme en clôturant par son cover inspiré de Try a little tenderness…