Le nom de SUSHEELA RAMAN coule comme du miel depuis bientôt quinze ans sur les lèvres du petit monde de la World Music. On en aurait presque oublié que l’anglo-indienne, élevée en Australie où elle a étudié la musique hindoustanie, poursuit un parcours sacrément exigeant sur les chemins d’une musique combinatoire et instinctive qui n’appartient qu’à elle. Rappel brutal avec ce magnifique cinquième album, Queen Between, où Susheela et Sam Mills (son indéfectible producteur et guitariste) poursuivent leur exploration physique, en refusant de choisir entre spiritualité, méditation souffi, tradition indienne (Qawwalî, Bâul, Tamoul), blues, folk et post-rock. La transe extatique et alcoolisée de « Sharabi » qui ouvre les hostilités, grimpe sans s’arrêter pendant six minutes sur des percussions qawwali (les Rizwan Muazzam du Pakistan) comme au meilleur de la grande Cheikha Rimitti, sur les côtes d’Oranie. Ailleurs, voix impériale, guitares, cordes et percussions tissent de fascinantes volutes où affleure une émotion brute et sensuelle.
La musique de SUSHEELA RAMAN s’écoute comme un voyage unique, psychédélique par son pouvoir d’ouverture, jouissif dans sa quête d’un équilibre instable, chamanique par la puissance des strates culturelles qu’elle révèle… On n’en sort pas complètement indemne.

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