« Dans la vie, il faut aimer les concepts. » Dix ans que le quatuor québécois affole l’underground pop avec cette synth-prog tendue qui, à coup de brusques explosions psychédéliques et électriques, met durablement le feu à la guérite gardant jalousement la frontière entre rock et électro. Chez Suuns, on fait parler la poudre avec de vieux synthés analogiques et le traditionnel guitare-basse-batterie. Un genre d’attaque radical, tandis que la voix sépulcrale et tranquille de Ben Shemie nous susurre, devant ses camarades de jeu (Max Henry, Liam O’Neill et Joseph Yarmush), ses récits cathartiques sur la quête de sens. Petit revirement d’ambiance, il y a deux ans, avec les textures minimales et exigeantes, à l’apparente légèreté, du menaçant Hold/still, confirmé aujourd’hui par l’intensité de Felt, son successeur. Entre calme et tempête, ambiances malsaines et douceurs contemplatives, l’étrangeté expérimentale et la recherche du paradoxe sonore restent les marques de ce groupe cérébral, puissant et labyrinthique, qui gagne à chaque album en souplesse et en liberté, confirmant la constante montée en puissance de son passionnant art-rock.

Même parenté krautrock et psychédélique pour le premier exercice solo de Sanae Yamada, clavier et moitié des californiens de Moon Duo. Une voix céleste et vaporeuse murmurant sur des couches de synthés posées à même le sol de rythmiques hypnotiques et martiales… L’introspectif, méditatif et brillant Vive La Void invente une drôle de dreampop fantomatique qui décolle comme un voyage stellaire pour tourner finalement sur sa propre orbite hallucinée. Pour notre plus grand plaisir.

Habillage musical : Johnny Bionic