Résidant d’Austin, Texas, patrie du 13th Floor Elevators de Roky Erickson, The Black Angels avait déjà largement de quoi faire en matière de fierté psychédélique. Longtemps ancré dans les sphères psychotropiques primitives de cet envahissant aîné, l’ombre délétère des Doors et les limbes noircis d’un nom emprunté au premier Velvet Underground (The Black Angel’s Death Song), le groupe de Christian Bland a peu à peu pris son envol en repoussant les limites stylistiques d’un genre dont ils avaient pourtant fixé les règles. Parangon du renouveau de la scène pysché-rock aux côtés de leur pote Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre, des Dandy Warhols ou de Spiritualized, organisateur du célèbre Austin Psych Fest (qui a engendré depuis sa déclinaison hexagonale, le festival Lévitation), les Anges Noirs comptent aujourd’hui cinq albums au compteur et une multitude de LP et de side projects. Après le plus « pop », mais toujours hargneux, Indigo Meadow (2013), le bruyant quintet a rallumé la flamme cette année avec l’album Death Song, bouclant symboliquement l’origine de son nom. Riffs entêtants, voix aériennes et fluides, rythmiques tapageuses et hypnotiques, basses brutales, présence anxiogène de la récente élection américaine dans cette musique lourde, électrique et oppressante : les Black Angels nous reviennent en pleine possession de leurs moyens et nous embarquent dans un magnifique bad-trip échevelé et incantatoire.
Elephant Stone arrive de Montréal. Frères d’armes des Black Angels, de BJM, de The Horrors avec lesquels ils fréquentent les mêmes scènes, le quartet présente la singularité d’avoir en son sein le sitariste (et bassiste) de renommée mondiale Rishi Dhir. La pratique de cet instrument dans la musique d’Elephant Stone signe toute sa singularité et son empreinte sonore.