Deux ans après que le groupe de Nottingham ait fêté ses trente années d’existence, avec la très belle compilation Past imper- fect (2022), nous accueillons pour la troisième fois l’élégante troupe menée par Stuart Staples (chant), David Boulter (cla- viers) et Neil Fraser (guitare). Avec joie et fierté, bien sûr, et sur la foi inébranlable d’un magnifique quatorzième album, Soft Tissue, composé et enregistré à Gérone en Espagne, nous les recevrons pour l’occasion dans le bel auditorium de l’Espace Encan.

Revenu, après l’organique No treasure but hope (2019), des recherches et expérimentations sonores de Distractions (2021), les neuf titres de ce nouvel album nous montrent des Tindersticks tout à la rigueur de leur songwriting aérien, autant qu’à l’évidente joie simple de jouer ensemble. Toujours ancré dans cette beauté mélancolique, ce spleen luxuriant et cette poésie sombre qui restent leur marque de fabrique, tou- jours navigant entre l’intimité folk soyeuse de Leonard Cohen, les envolées funèbres de Nick Cave et les arrangements pano- ramiques de John Barry, toujours explorant des ambiances crépusculaires entre new-wave anémiée, pop baroque et rock clair-obscur, toujours porté par l’inimitable voix de baryton spectral, gothique et feutré de Staples, le groupe reste fidèle à ses préceptes. Mais en mieux, résolvant, comme chaque fois avec ses propres armes, ce fragile équilibre entre lyrisme et humilité, romantisme et raffinement, fièvre élégiaque et conciliation fraternelle…

Ces querelles intimes entre lumière et désespoir qui nous les rendent définitivement irremplaçables dans un monde titu- bant au bord du gouffre.