Maarten Devoldere, chanteur et tête pensante des Belges de Balthazar, avait terriblement besoin d’un alter-ego pour régler ses comptes avec Leonard Cohen, Serge Gainsbourg, Lou Reed, Nick Cave et les films impressionnistes allemands. En échappée mélancolique et égotique assumée de son groupe, il s’est enfermé dans un vieux remorqueur avec sa loop-station, ses fantômes et sa guitare pour enfin donner vie à son identité d’emprunt : Warhaus. L’an passé sortait donc l’envoûtant et hypnotique We fucked a ame into being (Pias), agrégat kitsh crépusculaire parfaitement maîtrisé et au fort parfum sixties d’ambiances dandy lo-fi joliment torturées et terriblement romantiques, appuyé sur un songwriting pop parfait. Dans ce délicat mélange de morgue et de sensualité, la voix lascive de Sylvie Kreusch (Soldier’s Heart) et les nombreux musiciens invités inventaient en contre-point la magnifique BO noir et blanche d’un film inédit de Wim Wenders, mêlant Baxter Dur, Marc Huyghens et Barry Adamson. Dans son cabaret nostalgique et cathartique, mais jamais impudique ni racoleur, Warhaus chaloupe nos souvenirs et nos cœurs dans une douce chaleur spectrale de clair de lune.