Deux interprétations de la musique mère nord-américaine pour deux générations de « bluesmen » blancs. À ma droite, un jeune équilibriste du Midwest (Wisconsin) déjà passé par La Sirène en première partie de Bror Gunnar Jansson. À ma gauche, un quinquagénaire originaire de Chicago, acteur et musicien à la voix chaude gorgée de soul et à la vie ressemblant à un bon polar angelanos.
William Z. Villain nous revient toujours armé de sa National Resonator blanche et un deuxième album, Stonedigger, enregistré à Grenoble et mixé à Montreuil, juste défloré par le single, Uncle Bill Goes Hifi. Un titre prémonitoire prévenant de l’abandon du Do it yourself, des bricolages lo-fi et des bruits de la nature, au profit de l’ouverture des sons de sa géographie musicale déjà passablement perturbée. Mais sa folk world à l’univers lynchien et aux influences multiples (grecques, russes, caribéennes) reste assise sur quelques fondamentaux du blues vaudou. Une musique toujours inclassable, en équilibre sur un swing unique et félin, en apesanteur sur cette voix d’ange à qui on ne refuse pas grand chose.
Guitariste, chanteur et acteur (pour Steve Buscemi, Stallone, True Detective), Jake La Botz a appris l’idiome sur ses terres de Chicago, développant ensuite et depuis huit albums, une folk cabossée et sans compromis, naviguant entre blues, soul, country et gospel. En trio (contrebasse, batterie) sur Sunnyside, son denier album, il nous embarque dans un genre d’authentique road trip à la Hank Williams, porté par une voix chaude et profonde à la Willy DeVille.