On affirmera tranquillement que le hip-hop progressiste n’avait pas donné une telle claque depuis les ténébreux travaux bristoliens de Massive Attack et Tricky inventant la grammaire du trip-hop. Young Fathers, ce trio d’écossais nomades et multiculturels (Libéria, Nigéria, Edimbourg), ramène la furie initiale du Bronx sur ses terres nues et délétères, coincée entre des percussions tribales, un groove poisseux et quelques claviers analogiques maladifs dignes de Martin Rev (Suicide) ou du Krautrock. En explorateurs consciencieux de ce nouveau continent bruitiste découvert par Brian Eno et balisé depuis par TV On The Radio, Alloysious Massaquoi, Kayus Bankole et G. Hastings ont rapidement alerté les oreilles d’Anticon, label de Los Angeles peu coutumier des signatures mainstream. Dans cette jungle sonore remplie de ronces grouillantes et de plantes carnivores, la lumière perce pourtant la canopée pour quelques balades magiques (I heard) et des rythmes transes qui cognent en uppercut le marcheur halluciné (Shame). Sur White men are Black Men too, nouvel album qui transgresse avec ferveur et cruauté toutes les lois du hip-hop, la violence est à fleur de peau comme la beauté inquiétante et sauvage de cette musique aussi radicale que foncièrement inspirée. Sur scène ce trio vise le K.O.! Ok ?
 
C’est le hip-hop cuivré et sacrément groovy de Sax Machine qui ouvrira la soirée. Découvert aux Transmusicales de Rennes, ce trio est composé du saxophoniste Guillaume Sené, du tromboniste Pierre Dandin et du rappeur américain RacecaR. Les boucles et autres loop(s) des cuivres rencontrent le flow fluide de RacecaR au profit d’un hip-hop percussif et on ne peut plus positif.