Depuis St Nazaire, elle a débarqué comme un tank dans le doux ronron de la rap-pop variété française, sur la foi d’une poignée de titres. Dont Tristesse, chanson coup de poing au clip dérangeant, révélant son timbre de voix, à la fois rauque, grave et puissant, son charisme et ce regard dur et joueur, aimantant littéralement la caméra. Les treize titres de son premier album, La Symphonie des éclairs, ont d’emblée intronisé la jeune autrice, compositrice et interprète comme «nouvel espoir de la chanson française » en lui ouvrant la voie royale des concerts, des festivals et d’une presse bluffée et unanime. Depuis sa résidence de création aux Transmusicales de Rennes qui l’a véritablement lancée l’an passé, elle est crânement passée au Printemps de Bourges, Vieilles Charrues, Francos, Trianon, puis Olympia parisien… Ses petites symphonies réalistes et poétiques mêlent techno berlinoise et electronica frenchy, krautrock et synthwave, Koudlam, Autumn et Stromae, sur des mélodies sur lesquelles sa voix de mezzo-soprano à la diction parfaite peut débiter ses textes nourris de Brel, Barbara ou Maurice Fanon. On entre sur la pointe des pieds dans ces puissantes évocations intimes, qui passent de l’autoportrait aux songes sublimés, du spleen à la jouissance, de l’ivresse à la gueule de bois, avant de se faire happer par tant de générosité et de liberté. Sur scène, avec son batteur et son claviériste, sanglée dans sa veste et son cycliste noir, Zaho de Sagazan est d’une intensité rare, à la fois pianiste et clubbeuse, jeune femme absolument contemporaine et héritière d’une longue tradition française.